L’ouverture des registres paroissiaux

Le 9 juin 1874, l’abbé Maynard — qui sera notre premier curé — ouvre les registres « paroissiaux ».

Toutefois, comme il n’y a pas encore de « paroisse », Saint-Jean-Baptiste est établie en tant que « desserte ». Nous vous épargnons les détails historiques d’une « guerre de clochers » entre le diocèse naissant et les Sulpiciens. Ces derniers, qui sont encore les Seigneurs de l’île, veulent garder la mainmise sur ce qui devait, à leur avis, être la seule paroisse de l’île : Notre Dame. Rome tranchera éventuellement en faveur de Mgr Bourget et permettra l’établissement d’autres paroisses. Peut-être en remerciement, Mgr Bourget fera de la Cathédrale de Montréal une copie identique à celle de St-Pierre de Rome (en plus petit).

Nous avons déjà vu dans un billet précédent que la première messe de SJB est célébrée le 28 juin 1874.

Le premier mariage a lieu le jour même entre Michel Théodore Lefebvre et Marie Lise Mathilde Sylvestre, tous les deux encore mineurs. Michel est le fils de Michel Lefebvre et de Marie Salomée Lessard de la paroisse du Coteau St-Louis. Marie est la fille de Louis Moïse Silvestre (décédé) et de Domithilde Leclerc, domiciliés en la paroisse St-Jacques de Montréal.

Quelques jours plus tard, le 1er juillet 1874, a lieu le premier baptême de la paroisse. Il s’agit du baptême de la petite Marie Emilia Paulin. Sa date de naissance n’est pas rapportée ni son adresse. Mais elle est issue du mariage légitime d’Honoré Paulin, cordonnier, et de Delphine Lapointe, tous deux de notre nouvelle paroisse. Pensez-y deux minutes : la petite Emilia Paulin a vécu, on l’espère, une longue vie. Elle est probablement tombée amoureuse, a donné naissance à des enfants, a vécu des peines, des misères et des joies. Ce faisant, elle a touché d’innombrables vies autour d’elle. Voilà que 150 ans plus tard, vous prononcez son nom!

En sept mois, il y aura 132 baptêmes et 35 mariages à Saint-Jean-Baptiste. L’année suivante, en 1875 — la première année complète des registres —, il y aura 373 baptêmes et 48 mariages!

Néanmoins il n’y a pas que des jours heureux à notre nouvelle paroisse. Le 26 août 1874, l’abbé Maynard célèbre les premières funérailles. Il s’agit de Marguerite Lemay-Viger, décédée trois jours plus tôt, à l’âge d’environ 70 ans. Elle était l’épouse de feu Louis Viger. Fait intéressant, sinon surprenant, Mme Lemay-Viger est enterrée dans les voutes de l’église!

Finalement, Saint-Jean-Baptiste est érigée canoniquement en tant que paroisse le 11 décembre 1875. Elle est détachée de celle de Saint-Enfant-Jésus.

Nous sommes maintenant maîtres chez nous.

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Rodrigue Escayola

Avocat

Rodrigue est avocat en droit immobilier. Les dimanches, il participe aux célébrations de façon très concrète: pour la sonorisation et la diffusion des messes.