La paroisse bâtit son village

Ce n’est pas tout d’avoir une église. Il faut maintenant bâtir les institutions essentielles au bien-être des âmes des paroissiens.

Le presbytère
Le presbytère

L’abbé Dozois, notre second curé, fait construire le presbytère dans le jardin donnant sur la rue Sanguinet (Henri-Julien). C’était un bel édifice en pierre, sur trois étages, paré d’une généreuse fenestration. Du second étage, on pouvait accéder à deux petits balcons surplombant le jardin et faisant face à la rue Rachel. Le troisième étage présentait une fausse mansarde percée de belles fenêtres en pignon. Au centre, une grande rosace, chapeautée par un pignon victorien bien de l’époque. A droite de la photo, notre 1er clocher… en bois!

Académie Marie-Rose
Académie Marie-Rose

Le troisième curé, Magloire Auclair, se préoccupait de l’éducation des jeunes filles du village. Malgré son église inachevée, il fait construire sur le terrain d’en face le spacieux couvent Hochelaga. Il le confie aux Sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. L’Académie Marie-Rose, du nom de la fondatrice de la congrégation, ouvre ses classes le 14 septembre 1876 avec 288 inscriptions! Les religieuses opéreront l’Académie pendant plus de 100 ans. L’édifice existe toujours : il abrite la résidence pour aînés Héritage Plateau.

L’Hospice Auclair
Hospice Auclair

En 1894, le curé Auclair entreprend de construire un hospice pour les pauvres, les aînés et les orphelins. C’est l’un des premiers édifices de Montréal complètement à l’épreuve du feu, une précaution prémonitoire lorsque l’on connaît la suite de l’histoire.

Dans ses premières 25 années, l’hospice héberge 1 329 femmes âgées, 344 vieillards et 1 290 orphelins. Les Sœurs de la Providence effectuent 14 500 visites auprès des malades et 124 800 auprès des pauvres. Elles assistent 3 600 mourants et donnent 59 390 repas aux affamés. L’immeuble, au coin de Henri-Julien et Rachel, sera, beaucoup plus tard, converti en condominiums.

La Chapelle du Sacré-Cœur
La Chapelle de Sacré-Coeur

Auclair veut aussi bâtir une grandiose chapelle mais le Diocèse, inquiet que la paroisse ne puisse supporter un tel projet, permet plutôt la construction d’une sacristie.

Auclair n’en fait qu’à sa tête et fait construire les deux!

Le 29 juin 1888 (décidément, tout tourne autour de la Saint-Jean dans cette paroisse), les deux sont bénies par un évêque Oblat.

Cette chapelle fait l’orgueil et la gloire de la paroisse! Elle renferme éventuellement une foule d’objets d’art et de souvenirs précieux rapportés par le curé de ses voyages en Europe et en Terre-Sainte.

L’académie Saint-Jean-Baptiste
L'académie Saint-Jean-Baptiste

Le curé Auclair donnera 24 lots sur Elizabeth (aujourd’hui Laval) pour y faire bâtir une académie pour garçons. Il en confiera la direction aux Clercs de Saint-Viateur.

Le superbe édifice de quatre étages en pierre bosselée est chapeauté d’une couronne victorienne. Mais ne le cherchez plus : l’édifice disparu a été remplacé par l’école Arc en ciel.

Carte de 1890

Sur cette carte, on voit :

  1. 1. L’église, son presbytère et la chapelle Sacré-Cœur.
  2. 2. L’Hospice Auclair
  3. 3. L’Académie St-Jean-Baptiste.

Sanguinet est devenu Henri-Julien; Pantaléon est devenu Hôtel-de-Ville; Cadieux est devenu De Bullion.

La paroisse, qui comptait entre 11 000 et 12 000 communiants, était l'une des plus prospères. Les institutions, collèges, couvents, hospice étaient florissants!

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Rodrigue Escayola

Avocat

Rodrigue est avocat en droit immobilier. Les dimanches, il participe aux célébrations de façon très concrète: pour la sonorisation et la diffusion des messes.