Troisième incendie évité de justesse

Le 29 décembre 1933, à 11h44 de l'avant-midi, un début d’incendie est détecté à même un escalier de secours situé entre les murs et permettant l’évacuation du jubé vers la rue Drolet.

Heureusement l’incendie est rapidement décelé par des employés qui travaillaient tout près. Ceux-ci ont réussi à étouffer les flammes avec des extincteurs.

La Presse du 30 décembre 1933 rapporte que cet incendie a été allumé intentionnellement et qu’il est d’origine criminelle. Le Devoir du 2 janvier 1934 annonce que le Commissaire des incendies tiendra une enquête car il s’agissait du troisième incendie d’église d’origine criminelle : Saint-Louis de France avait été incendiée le 12 janvier 1933 et Saint-Jacques, le 25 mars 1933 (son clocher demeure sur le campus de l’UQAM).

Pour l’incendie de SJB, les médias rapportent que les incendiaires ont mis le feu à un amas de guenilles et de papiers trouvés dans une armoire. Le Canada du 4 janvier 1934 va plus loin et suggère qu’il y a eu imprudence de la part de SJB : « On ne peut que se demander quelle est l’utilité d’une armoire à guenilles et à papier dans une église démunie contre le feu… Trouve-t-on des boites d’allumettes dans des poudrières et à l’intérieur des gazomètres? ».

Il n’en fallait pas plus pour que Mgr Dubuc, le curé de l’époque, sorte de sa retenue habituelle pour critiquer vertement ces reportages dans le Bulletin paroissial de février 1934.

L’orchestre des reporters des différents journaux de la ville vous a rendu les notes les plus fausses, mensongères, tendancieuses et malveillantes, dans les entrefilets de nos périodiques concernant la tentative d’incendie de notre église… C’est mon devoir de chef de paroisse de vous faire le récit vrai et authentique de ce que nous avons constaté le 29 décembre dernier.

Nous avons découvert à temps un commencement d’incendie allumé intentionnellement dans le pied de l’escalier de sauvetage, rue Drolet. Prévenus providentiellement, il nous a suffi de quelques minutes pour éteindre, avec un extincteur chimique, le brasier qu’on nous avait préparé.

Une enquête a été faite par la Cour des Commissaires des incendies, avec le verdict que le feu avait été mis à cet endroit par une main inconnue et qu’il n’y avait eu ni incurie ni négligence d’aucune façon. Il n’y a donc à cet endroit ni armoire, ni amas de guenilles et de papiers auquel on aurait mis le feu tel qu’inventé par Le Devoir du 2 janvier 1934. On n’a pas non plus trouvé de boites d’allumettes, excepté dans les poudrières ou les gazomètres du Canada, placées là sans doute par son reporter Usbek.

En conclusion, Mgr Dubuc rassure les paroissiens de la surveillance étroite de l’église, mais les invite à ouvrir les yeux et à rapporter toute activité douteuse.

Un troisième drame venait d’être évité de justesse!

Ci-dessous, ce à quoi ressemblait notre Bulletin Paroissial dans les années 30. Rien à voir avec le Semainier Paroissial d’aujourd’hui. Il était publié au niveau du Diocèse et était garni d’articles de fond. Chaque édition comportait une couverture et une section pour chaque paroisse. Nous conservons toujours, dans notre voûte, ces Bulletins Paroissiaux historiques.

Bien que le bulletin reproduit ci-dessous date des années 30, la photo de l’église remonte à avant 1917 (date à laquelle Mgr Dubuc a fait ajouter les statues du Christ et des évangélistes sur le fronton).

bulletin paroissial

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Rodrigue Escayola

Avocat

Rodrigue est avocat en droit immobilier. Les dimanches, il participe aux célébrations de façon très concrète: pour la sonorisation et la diffusion des messes.