La troisième église

Suivant l’incendie de 1911, le curé Forbes doit entreprendre ce que Jérusalem attend toujours : la construction d’un troisième temple.

Mais Forbes ne connaîtra pas les péripéties de la reconstruction puisqu’il sera nommé évêque de Joliette. C’est donc son successeur, le curé Alexandre Dubuc, qui poussera vigoureusement le chantier. C’était l’homme qu’il nous fallait : il avait été le curé fondateur de Saint-Clément où il avait fait bâtir l’église, le presbytère, un couvent et des académies.

La troisième église est construite de 1912 à 1914. Son inauguration a lieu le 14 mars 1915 en présence de Mgr Bruchési, d’un grand nombre de prêtres et religieux, de 250 enfants de chœur, et de plus de 3 500 fidèles.

La façade est de style néoclassique, avec de grandes colonnes surmontées d’un fronton triangulaire (vous y trouverez l’effigie du Saint-Esprit). En 1920, sept statues en pierre sont ajoutées au sommet du portique: le Christ entouré des quatre évangélistes. Elles sont un don personnel du curé Dubuc. Dans les niches latérales, on ajoute Saint-Pierre et Saint-Paul.

L’intérieur est de style éclectique baroque (avec des parures opulentes et des mélanges architecturaux qui incluent même des arcs mauresques autour du chœur). La nef peut accueillir 2 200 fidèles. Les jubés latéraux et derrière le chœur peuvent en accueillir plus de 1 000. C'est la troisième plus vaste église de Montréal après Notre-Dame et l'Oratoire Saint-Joseph, même si cet honneur est disputé par la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde.

Les stalles du chœur, les balustrades, les bancs et les confessionnaux sont en merisier. La chaire, de style renaissance italienne, arrive en 1916. L'escalier est de l'ébéniste O. Bergeron.

En 1915 arrive le grand orgue (Casavant Opus 615), avec près de 5 500 tuyaux. Certains ont 32 pieds de hauteur. L’orgue coûte 24 200 $ (‘équivalent de 740 000 $ en 2023). Les quatre anges au-dessus, du sculpteur Roh, arrivent en décembre 1915. Un second orgue est installé dans le chœur (Opus 616). Un troisième, dans la chapelle en 1916.

L’autel principal, les six autels secondaires et le chemin de croix sont des ateliers de Daprato. Le maître-autel contient les Sainte Reliques de Saint-Jean-Baptiste, Saint-Clément et Saint-Alexandre, insérées dans une petite excavation carrée devant le Tabernacle.

Les vitraux, richement ornés de motifs floraux, arrivent en 1916 et 1917. Ils sont aussi de la maison Daprato. Les 13 médaillons représentant le Christ et ses apôtres autour du chœur (de même que le vitrail de la multiplication des pains à l’entrée) sont d’Henri Perdriau. Les médaillons des quatre évangélistes au centre de la coupole sont un don du curé Dubuc. Les vitraux de la chapelle, très différents et de style français fin-du-19e-siècle, sont de Perdriau.

Détail historique intéressant, les vitraux sont fabriqués en pleine première guerre mondiale, à une époque où le plomb était réquisitionné pour le front. C’est donc souvent dans la clandestinité que l’on travaillait sur les vitraux à l’époque.

Nous étions enfin de retour chez-nous!

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Rodrigue Escayola

Avocat

Rodrigue est avocat en droit immobilier. Les dimanches, il participe aux célébrations de façon très concrète: pour la sonorisation et la diffusion des messes.