La première église
La première église est construite en pierre. On en confie les plans à Alponse Raza (1846-1903). L'intérieur reflètera les plans des architectes Poitras et Roy, alors que la somptueuse façade sera éventuellement ajoutée par Joseph Venne (1858–1925).
On commence les travaux d’excavation en 1872, mais les travaux piétinent en hiver au point que les paroissiens s’inquiètent. Des rumeurs courent à l’effet que l’église ne sera jamais complétée. Les paroissiens finissent par s’adresser à Mgr Bourget, l’Évêque de Montréal. Ils demandent un engagement ferme pour que l’on puisse célébrer la messe en janvier 1874.
Les villageois organisent de grandes « corvées » pour creuser et déblayer ainsi que pour « charroyer » la pierre. On rapporte que jusqu’à cent carrioles se suivaient depuis les carrières du Mile-End jusqu’au site de l’église. Les larges tombereaux tirés par des chevaux s’ornaient de drapeaux et de feuillage. Il y aurait même eu une fanfare! Jusqu’à ce que l’hiver de 1873/74 impose une autre pause.
Après de multiples démarches, des abandons et des reprises, l’église finit par s’élever au printemps 1874. L’église sera inaugurée le dimanche 28 juin 1874, en la solennité de la Saint-Jean-Baptiste! On invite le vicaire-général de l’Évêque pour la bénir. Une cloche de 400 livres est baptisée sous les noms de Marie-Jean-Baptiste-Joseph-Pie-Ignace. Elle est offerte par les citoyens de la localité. La première collecte est de 654 $ (un montant équivalent à plus de 17 000 $ en 2023!).
Cette première église avait une profondeur équivalente à celle de l’église actuelle, mais sa façade faisait environ la moitié. Elle donnait, bien sûr, sur Rachel mais était collée sur Drolet. Il y avait donc un long jardin côté Henri-Julien sur toute la longueur de l’église. Imaginez!
L’église présentera éventuellement un clocher central massif et deux petits clochetons latéraux. La flèche du clocher était richement ornementée, selon l’exubérance du style baroque de l’époque (comme à l’église Saint-Enfant-Jésus-du-Mile-End). La façade était percée par trois grandes portes. Au-dessus des entrées, d’immenses fenêtres rectangulaires.
Cela vous paraît grandiose? Le second vicaire de la paroisse en déplore la simplicité à son arrivée, le 26 décembre 1875 :
« Commencée en 1872, à la place d’anciens fourneaux à chaux, l’église, avec son soubassement humide, et en partie sous terre, son toit sans voute et ses quatre murs sans crépi, étaient bien triste à voir. En hiver, elle n’était chauffée que par deux fournaises à charbon que le bedeau du temps attisait tant bien que mal. On se servait du soubassement comme sacristie et, pour monter à l’église en habits sacerdotaux, nous n’avions qu’un pauvre escalier de 20 pouces de largeur… Nous n’avions pas de presbytère…. Ah! Nous ne vivions pas dans le luxe! »
Pas le gros luxe, mais on était enfin chez nous!
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